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Dre Sharanya Ramesh

Superviseur(s) : Sofia Ahmed et Lesley Inker
Prix : Bourse de postdoctorat KRESCENT
Institution : Centre médical Tufts
Année : 2025-2027
Titre du l'étude : Réexamen des équations du DFG : le rôle du sexe et des hormones sexuelles dans la fonction rénale
Sujet(s) : Insuffisance rénale chronique, recherche clinique

Biographie

Sharanya Ramesh, M.D., Ph. D., est chercheuse-boursière de niveau postdoctoral au Centre médical Tufts. Elle a obtenu son diplôme de médecine et son doctorat à l'Université de Calgary, où elle a développé un programme de recherche visant à étudier le rôle des hormones sexuelles dans le risque cardiovasculaire chez les patients atteints d'insuffisance rénale chronique. Elle a effectué sa résidence en médecine interne à l'Université de Toronto, puis est retournée à Calgary grâce à une bourse de recherche clinique en néphrologie. Ses travaux de recherche sont motivés par son intérêt pour les différences physiologiques liées au sexe. Au Centre médical Tufts, sous la direction de la Dre Lesley Inker, experte de premier plan dans l'estimation du débit de filtration glomérulaire (DFG), et de la Dre Sofia Ahmed, experte de renommée mondiale dans le domaine de la recherche sur le sexe et le genre, la Dre Ramesh explore l'interaction entre les hormones sexuelles et les équations d'estimation du DFG. Au-delà de la méthodologie relative au DFG, elle s’intéresse aux liens entre le vieillissement en bonne santé, la ménopause et les facteurs de risque contribuant à l'apparition et à la progression de l’insuffisance rénale ainsi qu’aux conséquences de l’IRC.

Résumé grand public

Pourquoi une approche unique ne convient pas à tous : les différences entre les sexes en ce qui concerne la fonction rénale

Contexte : Au Canada, une personne sur dix souffre d'une insuffisance rénale. L’insuffisance rénale est associée à des taux élevés de mortalité et d'invalidité, ce qui entraîne des coûts importants pour le système de santé. Il est intéressant de noter que les femmes sont plus susceptibles que les hommes de souffrir d'une insuffisance rénale, mais que celle-ci évolue moins souvent vers une insuffisance rénale au stade terminal chez les femmes. Les raisons de ces différences ne sont pas bien comprises. Il existe en effet des différences entre les hommes et les femmes en ce qui concerne la précision des analyses utilisées pour diagnostiquer l’insuffisance rénale ou dans la façon dont celle-ci évolue selon le sexe. L’insuffisance rénale est diagnostiquée à l'aide du débit de filtration glomérulaire (DFG). Le DFG mesure la capacité des reins à filtrer le sang; il est calculé en fonction de la créatinine dans le sang. La créatinine est un marqueur du DFG, mais elle est également affectée par des facteurs non liés à la fonction rénale, comme la masse musculaire et les hormones sexuelles (œstrogènes et testostérone). Ces hormones diffèrent entre les hommes et les femmes et changent avec l'âge (ménopause) et certains problèmes de santé, comme l'obésité, le diabète ou le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Comme ces facteurs non liés au DFG diffèrent entre les hommes et les femmes, les niveaux de créatinine diffèrent également entre les sexes. Pour tenir compte de ces différences, le calcul du DFG se fait à l’aide d'une formule prenant en compte des facteurs (tels que l'âge ou le sexe) à l'origine des différences dans les niveaux de créatinine non liés à la fonction rénale. Le DFG obtenu à partir de cette formule est donc une estimation, qui peut être erronée; de nombreuses formules ont été publiées pour estimer le DFG. Le DFG est largement utilisé dans la pratique médicale : il sert à diagnostiquer l’insuffisance rénale, à déterminer les doses appropriées de médicaments à prescrire (antibiotiques ou chimiothérapie, par exemple) et à décider du traitement à suivre en cas d’insuffisance rénale. Des inexactitudes dans le DFG peuvent entraîner un diagnostic inapproprié, une administration de doses de médicaments plus faibles (moins efficaces) ou plus élevées (plus toxiques) ou encore une mauvaise utilisation des ressources de santé et du temps des patients.

But : Bien que nous sachions qu'il existe des différences entre les hommes et les femmes en matière d’insuffisance rénale, nous ne comprenons pas encore si ces différences sont dues aux analyses que nous utilisons pour diagnostiquer cette maladie. En particulier, le rôle des hormones sexuelles (œstrogènes et testostérone) dans les taux de créatinine et l'estimation du DFG n'a pas été étudié. Nous ne savons pas non plus si la précision de la formule du DFG diffère entre les hommes et les femmes jeunes et âgés.

Méthodologie : Mon étude comblera ces lacunes grâce à trois projets distincts. 1. Je commencerai par passer en revue des études publiées sur les équations qui estiment le DFG afin de déterminer dans quelle mesure ces équations tiennent compte des différences. Comprendre comment ces équations tiennent compte du sexe et comment cette prise en compte diffère d'une équation à l'autre pourrait nous éclairer sur les facteurs à l'origine des différences d’estimation du DFG entre les hommes et les femmes. 2. J'analyserai la précision de l'estimation du DFG en fonction de l'âge et du sexe (jeunes hommes et jeunes femmes par rapport à des hommes et à des femmes âgés) et j'explorerai la relation entre les hormones sexuelles (œstrogènes et testostérone) et l'estimation du DFG. 3. J'étudierai la relation entre la créatinine et les hormones sexuelles chez les hommes et les femmes en fonction de l'âge et de l’état ménopausique.

Résultats escomptés : Nous espérons identifier les cas dans lesquels l'estimation du DFG n'est pas précise ainsi que les analyses sanguines supplémentaires qui pourraient rendre l'estimation de la fonction rénale plus précise dans ces groupes.

Engagement des patients : Nous ferons appel à des patients partenaires dans tous les aspects de cette recherche, y compris les analyses de données et les présentations afin de nous assurer que les expériences vécues sont prises en compte.

Conclusion et pertinence pour la communauté : Les connaissances médicales ont traditionnellement été issues d’études menées principalement chez les hommes; or, elles constituent le fondement des soins cliniques. Voici que nous découvrons aujourd’hui des différences biologiques et cliniques importantes entre les sexes, qui peuvent être négligées par une approche unique de la médecine. Cela peut entraîner des erreurs importantes dans le diagnostic ainsi que dans la prise en charge et l'allocation des ressources. Les maladies cardiaques en sont un exemple frappant : des études de référence menées chez des hommes ont conduit à des erreurs de diagnostic et à des traitements sous-optimaux lorsqu'ils ont été appliqués aux femmes. Ces conséquences peuvent également s'étendre aux néphropathies. Investir dans la recherche sur la santé des femmes est une nécessité scientifique et une opportunité économique, car des analyses récentes suggèrent qu’un doublement de ces investissements pourrait générer un rendement pouvant atteindre 174 000 %. La présente proposition vise à combler les principales lacunes en matière de connaissances sur les soins rénaux et les différences entre les sexes.